Elika

A Fight between Light & Darkness

Mardi 23 mars 2010 à 17:37

http://elika.cowblog.fr/images/poppp3036.jpg

Aujourd'hui, ma prof de français m'a prise à part et m'a dit :"Je constate que depuis quelques temps, vous prenez vos cours sur un ordinateur. C'est pourquoi exactement ?"

Ce que j'aurais dû répondre

Ce que j'ai répondu

Bah c'est parce que ça m'éclate d'aller sur Facebook et jouer à World of Goo pendant que vous nous parlez de trucs absolument inintéressants.

Je prends mes cours avec... en fait...


-"Je ne sais pas, vous trouvez cela attendu de la part d'élèves d'hypokhâgne ?"

Aucune idée, mais si je ne faisais que des trucs attendus, et si je faisais tout le temps comme tout le monde, je trouverais ça chiant, pas vous ?

Je ne sais pas si c'est "attendu", mais j'ai vu des élèves d'autres classes le faire, et comme je tape très vite, ça me permet d'avoir un cours plus propre et mieux structuré.


- "Écoutez, en tout cas, ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a une observation de ma part. Pour l'instant je ne dis rien."

Tant mieux, vieille connasse réactionnaire qui aurait interdit internet pour qu'on puisse encore avoir des encyclopédies Universalis, je t'emmerde. Observe-moi si ça t'amuse.


Tout ça avec sa gueule d'enfarinée offensée, l'air de dire "Seigneur, les jeunes d'aujourd'hui !"

***

Et ça, ça m'a énervée. D'abord, qu'elle me demande à quoi sert mon ordinateur en cours... Non mais sérieusement, d'où elle sort, avec son agrégation de lettres ? On leur apprend pas l'existence des ordinateurs à l'ENS ? C'est vraiment propre aux profs de lettres en plus, parce que dans les autres classes, il y a plus d'ordinateurs que de stylos. Parce qu'on est un "lettré" on aurait pas droit à un outil moderne pour prendre ses cours ? En quoi ça peut bien la déranger ? Certes, j'ai bien fait quelques incartades sur internet, mais mes cours ont toujours été pris avec sérieux, la preuve, je les envoie aux absents, et en quoi est-ce plus mal que ceux qui y vont avec leur téléphone, voire ceux qui dessinent sur leur feuille, ou discutent avec leur voisin ? Faut vraiment avoir envie de faire chier. Faut vraiment vouloir profiter de son petit pouvoir sur l'élève, se dire "ouaiiis, c'est moi l'boss, j'peux la faire chier si je veux". Ma tête lui revient pas, ok. La sienne me revient pas non plus, donc c'est aussi bien. Mais franchement, ça n'empêche pas que je ne vais pas aller lui interdire de s'habiller comme un épouvantail. Alors qu'elle me laisse prendre mes cours comme je veux, sinon ça va finir de m'agacer.

Les profs s'étonnent de voir certains d'entre nous baisser les bras, et sombrer dans le "j'm'en foutisme", s'endormir en cours et quitter les concours blancs avec 2 heures d'avance. La prépa, c'est l'enfer quand tu te dis que tu fais partie d'une véritable "institution" qui se fiche bien de toi : l'essentiel, c'est que dans 2 ans, tu sois une machine à disserter. Certains s'y plieront fort bien, puisque dans leur futur job, c'est ce qu'on leur demandera. Mais la part de créativité, d'imagination, de fantaisie, si primordiale pour moi au lycée, on la réduit à quelque chose à bannir. Le "style" personnel que nos profs se targuent de développer chez nous, ils l'enfouissent sous dix tonnes de méthodologie. Jamais tu ne laisseras une part de toi, de ce qui te rend particulier, distinctif, dans ta copie. Je plains les profs qui nous corrigent. Douze pages de blabla sur un sujet toujours identique, traité en trois parties, trois sous-parties.

Alors on s'évade comme on peut, pour oublier que cette prépa nous met en face du fait que nous devenons peu à peu des êtres d'une banalité confondante. Au moins, quand on est un autre, on peut briller par des actes virtuels, avoir un impact sur un monde, imaginaire certes, mais on a l'impression d'être "réel" à travers un personnage que des millions d'autres incarnent pourtant tous les jours. 

J'écris, j'écris beaucoup. Je joue aussi. Énormément. Parce que je ne veux pas devenir une machine, parce que si j'en deviens une, je n'aurai aucune chance de devenir Game Designer. Là où on me demandera de la créativité et de l'imagination, je ne saurai être qu'une ex-prépa incapable de répondre à la question sans trouver de problématique, d'introduction, et de plan dialectique. On se focalise sur la sortie, en nous disant que de toutes façons, personne ne s'y éclate. Même pas les premiers de la classe. La prépa, c'est le passage obligé qui fait joli sur un dossier, et encore, pas dans tous les dossiers.

Ce qui fait envie, c'est l'avenir, et aucun Carpe Diem au monde ne nous fera apprécier nos jours à Fauriel.




Bouteilles à la mer

Ajouter un commentaire

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://elika.cowblog.fr/trackback/2979248

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast